Peu le savent mais le Parc de Richelieu en Indre-et-Loire est la propriété des universités de Paris… enfin pour le moment.

Il est peu commun que les universités de France, et surtout de Paris, possèdent un patrimoine médiéval en Val de Loire. C’est pourtant le cas avec le domaine de Richelieu, propriété par donation de ces établissements dont la gestion aujourd’hui est contestée par un rapport de la cour des comptes, celle-ci demandant la suppression de la chancellerie des universités de Paris.

Depuis 1930, le domaine a été légué par les héritiers du Cardinal à la condition qu’il demeure dans la sphère publique. Selon François Weil, recteur de Paris, le parc de Richelieu ne coûte pas un centime à l’Etat, sa gestion étant équilibrée.  Il a ainsi conclu un partenariat avec la communauté de communes pour préserver la condition des héritiers : l’ouverture du parc au public (seulement une centaine d’hectares sur 475).

Pour préserver la forêt tout d’abord, la chancellerie a décidé de faire appel aux chasseurs de Touraine pour nettoyer et réduire du parc la population de sangliers.  De plus, le projet principal est de rénover les bâtiments existants (malgré du peu restant) pour continuer à organiser des colloques et séminaires universitaires. La décision finale, dépendant des collectivités et de l’Etat, devrait intervenir d’ici la fin de l’année.

En attendant, les présidents des 13 universités de Paris feront le déplacement à Richelieu au mois de mai pour découvrir (pour la première fois) ce domaine possédant à l’époque l’un des plus gracieux et important château de France.

Une gravure d'époque représentant le château de Richelieu
Une gravure d’époque représentant le château de Richelieu / Crédits Photo : Domaine Public

Qu’est devenu le château du Cardinal ?

Le château de Richelieu était un vaste et superbe château que le cardinal de Richelieu a fait construire en Touraine, sur l’emplacement du manoir familial des du Plessis. Il n’en reste presque plus rien aujourd’hui.

Situé au cœur du parc de plusieurs hectares situé au Sud de la ville actuelle; on y accédait principalement par une avenue au nord, venant du bourg clos de mur, et d’une avenue à l’Ouest qui rejoint l’actuelle D 749 (avenue de Schafheim). Le site du château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis septembre 1930.

C’est vers 1630 que Jean-Armand du Plessis (1585-1642) fait bâtir à Richelieu un somptueux château sur les plans de Jacques Lemercier, architecte du roi. Cardinal et Premier Ministre de Louis XIII, il est alors à l’apogée de sa réussite. Ce château, symbole grandiose de son prestige, est le plus grand de France jamais construit avant Versailles. Il abrite la très importante collection d’œuvres d’art du Cardinal.

En 1792 le duc de Richelieu, ancien Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi, ayant émigré, ses biens sont confisqués, le château est alors vidé de son mobilier, ses nombreuses œuvres d’art sont vendues ou attribuées à des musées comme au Museum central des Arts au palais du Louvre. Le duc mort en 1822, les héritiers Richelieu le vendent en 1832 au marchand de biens Boutron, qui entreprend sa démolition pour en revendre les matériaux jusqu’en 1835 ; le marchand de biens Pilté-Grenet, que l’on dit membre de la célèbre Bande Noire association de “liquidateurs” d’anciens grands domaines seigneuriaux français, achète alors un ensemble de tableaux qu’il lèguera en 1824 au musée des beaux-arts d’Orléans. Vers 1835, Boutron démolit quasi entièrement le château pour en vendre les matériaux ; la demeure devient, comme d’autres, carrière de pierres… En 1877, le domaine est restitué par Michel Heine, banquier à Paris, dont la fille a épousé le descendant de Richelieu. En 1930, Armand, marquis de Jumilhac, duc de Richelieu, n’ayant pas d’héritier, lègue le domaine à l’Université de Paris, en souvenir du Cardinal, Proviseur et Rénovateur de la Sorbonne. (Source : Françoise Hildesheimer, Richelieu, 2004)

Quelques statues, épaves de la célèbre collection d’antiques du cardinal, un grand portrait équestre XVIIIe siècle, de précieuses peintures sont conservés aux musées des Beaux-Arts de Tours et d’Orléans; celui de Tours conserve aussi un portrait du duc de Richelieu (1696-1788) par Louis Tocqué, qui fit partie de la collection Roqueplan, vendue en 1855. Concernant le château, tout fut démoli, à l’exception du dôme, de l’orangerie et du chai, que vous découvrirez lors de votre promenade. Voici tout de même une courte vidéo vous permettant d’imaginer et de situer le château de Richelieu au sein du parc, par une reconstitution en 3D !

Plus d’infos : www.parc-richelieu.fr
Crédits photos : Danielclauzier (Wikimédia Commons)

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