Bonjour, pouvez-vous vous présenter, ainsi que vos missions au CCC OD de Tours ?
Bonjour, je m’appelle Isabelle Reiher et je suis directrice du CCC OD depuis décembre 2019. Je suis issue d’une formation d’historienne de l’art à Paris et d’une formation de juriste au Canada. J’ai également suivi une formation dans la conservation du patrimoine. Pendant près de 17 ans, j’ai travaillé à Marseille, où je m’occupais de l’art contemporain pour le conseil régional.
Je suis ensuite partie en Bourgogne pour diriger un centre d’art similaire au CCC OD, avant de revenir à Marseille pour m’occuper d’un centre d’art dédié au verre, où nous accueillions des artistes en résidence, venus travailler le matériau. En 2019, j'ai repris la direction du Centre de Création Contemporaine Olivier Debré à Tours.
Quelle a été la genèse du CCC OD ?
Le CCC OD est né d’un long travail mené dans les années 1970 par Alain Julien-Laferrière, mon prédécesseur, qui a fait toute sa carrière dans le centre. Avant la création du CCC OD, Alain avait déjà organisé nombre d’expositions et a participé activement à l'implantation de l’art contemporain dans le territoire tourangeau.
En 1983 a lieu l’ouverture du Centre de Création Contemporaine (CCC), une première en France qui a, petit à petit, fait rayonner l’art contemporain à l'échelle nationale.
La construction d’un tel bâtiment a été un long parcours politique. L’édifice couvre en effet une superficie de 4500 m², en plein cœur de Tours. Le peintre Olivier Debré a grandement œuvré en faveur de la réussite de ce projet. À son décès en 1999, ses ayants droit ont cédé une partie de son travail à la métropole de Tours. L'artiste a toujours entretenu un rapport privilégié avec la Touraine puisqu’il venait peindre, tous les étés, dans la maison de son grand-père.
Il peignait les bords de Loire, l’ambiance, la lumière, le ciel... Par son travail, il a marqué le XXe siècle.
Cette figure était donc importante pour les politiques régionaux, c'est pourquoi la métropole et les collectivités ont décidé de faire construire ce bâtiment pour accueillir la collection du peintre, mais aussi d’autres artistes du mouvement artistique contemporain. Nous n’avons donc pas vocation à être un musée uniquement dédié à Olivier Debré.
Qu'en est-il du projet architectural qui entoure le CCC OD ?
Le projet a été choisi à l’issue d’un concours auquel cinq architectes ont participé. Le jury a sélectionné les frères portugais Manuel et Francisco Aires Mateus qui avaient pour mission principale d’intégrer la construction dans le paysage local.
La ville de Tours possède un patrimoine historique important, l'ouvrage ne devait donc pas jurer avec celui-ci. Toute l’intelligence des frères a été de concevoir un bâtiment très contemporain dans des volumes très lisibles.
Le bâtiment n’est pas heurtant pour le regard et joue sur les grandes ouvertures. Il s’intègre dans un quadrilatère de la reconstruction puisqu'il a été bâti dans une partie de la ville détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. La pierre choisie provient par ailleurs de la région, ce qui assure une uniformité avec les édifices environnants. L'ancienne École des Beaux-Arts a également été intégrée à la construction.
Quels sont vos projets et vos ambitions pour le CCC OD ?
Je souhaite que le centre soit parfaitement implanté dans son territoire avant de s'ouvrir à l’international. Nous nous adressons d’abord au public qui est autour de nous : il faut qu'il puisse y trouver un très bon accueil, un espace où il peut rencontrer autrui, échanger avec les médiateurs et discuter de ce qu’il voit.
Au fil des échanges, nos visiteurs vont très souvent développer une nouvelle curiosité et porter un autre regard sur cette forme d’art, parfois incomprise. Je souhaite donc que le CCC OD ne soit pas perçu comme un lieu intimidant, mais qu’il permette justement d’obtenir des clés de compréhension.
Quelles sont les actions mises en place pour toucher toutes les tranches d'âge ? Y a-t-il une volonté d'attirer un public non averti ?
Nous avons quatre espaces d’expositions qui ne couvrent pas seulement la peinture, mais offrent aussi un regard sur la photographie, la vidéo, la sculpture... Nous concevons des visites adaptées grâce à nos médiateurs, formés aux arts mais aussi à l’échange avec les publics. Ils ont pour mission de concevoir des outils et des discours adaptés à tous les âges.
Nous recevons par exemple des hommes et des femmes en réinsertion professionnelle. Nous allons chercher nos publics en rencontrant ou en appelant les directeurs et directrices de centres sociaux, d’écoles, de collèges et de lycées. Nous leur expliquons notre démarche et les accompagnons.
Si nous proposons cet accompagnement aux groupes, nous le faisons aussi pour les visiteurs individuels. Nous avons une sorte de service à la carte. Cet automne, nous aurons d'ailleurs quatre nouvelles expositions très variées, ouvertes à tous les publics.
